DUMAS père Alexandre (1802-1870).
manuscrit autographe signé « Alex Dumas » et « D’Artagnan », À propos de la colère de Mr de Girardin. D’Artagnan à ses lecteurs, précédé d’une lettre ouverte à Émile de Girardin, [novembre 1866] ; 6 pages in-4 sur papier bleu, découpées en 17 bandes pour la composition (sans manques ; marques au crayon bleu de l’imprimeur, et note jointe pour l’imprimerie).
Article de polémique avec Émile de Girardin pour son journal Le Mousquetaire, avec double signature de Dumas et de son héros D’Artagnan.
L’article a paru dans le premier numéro de la nouvelle série du journal Le Mousquetaire (18 novembre 1866).
Émile de GIRARDIN s’est mis dans une position si étrange vis-à-vis de la presse littéraire, « que vous appellez la petite presse, et qui si l’on compte ses abonnés pourrait bien être la grande presse », que Dumas se sent appelé à prendre position, comme jadis à l’égard de GARIBALDI, après la bataille de l’Aspromonte : il a dit « Je suis contre Garibaldi », et il dit maintenant « Je suis contre Mr Émile de Girardin ». Il rappelle cependant les événements de leur amitié de trente ans, où Dumas a toujours été aux côtés de Girardin : le duel avec Armand Carrel, l’émeute des ouvriers typographes criant Mort à Girardin, l’incarcération de Girardin après les journées de Juin, et trois grands deuils… Il cède la plume à D’Artagnan.
Sous ce pseudonyme de D’ARTAGNAN, il compare les colères du rédacteur de La Liberté à celles du « père Duchesne » de 93. Il souligne le peu de goût de Girardin pour le roman, et souligne que, depuis qu’il est maître de La Liberté, il a remplacé les « charmans feuilletons du vicomte de Launay » (Delphine de Girardin), La Reine Margot, les Confidences ou Graziella de Lamartine, par un menu de dîner commenté par le baron BRISSE, qui parle « le français de cuisine ». Il voulait « écrire à l’éminent publiciste pour lui demander les motifs de cette colère, mais je me suis rappelé que n’ayant pas lu Les trois Mousquetaires, mon nom lui serait parfaitement inconnu »… Il suppose que la cause des colères de Girardin contre la presse littéraire est son ambition politique trompée : « jamais il n’a été et probablement jamais ne sera ministre. Tant que l’auteur de Lady Tartuffe, du Lorgnon, de La joie fait peur et de Madeleine vécut, la gloire littéraire de sa femme suffit à Mr de Girardin – et en effet elle en avait pour deux, ainsi que de l’esprit – Mr de Girardin n’était pas le roi, mais il était le mari de la reine et se contentait de cette position »… Mais Mme de Girardin morte, la solitude et le silence gagnèrent le veuf. « Il vit que c’était la littérature et non la politique qui avait peuplé la maison de poètes de romanciers d’hommes d’esprit. Il se dit je vais faire de la littérature »… Il prit la plume et écrivit sur un cahier de papier le titre de La Fille du millionnaire, puis il répéta l’opération, « et il alla ainsi, tant qu’il eut du papier ; quand il n’en eut plus, il écrivit le mot fin. La pièce n’était pas faite mais le cahier était fini ! Il faut rendre justice à Mr de Girardin – ou à ses amis nous ne savons pas à qui le mérite en revient – mais La Fille du millionnaire ne fut pas jouée »…
On joint 3 L.A.S. à un caricaturiste (1 page in-8 à son chiffre chaque). Il autorise de « faire ma charge en Centaure mais avant l’enlèvement de Déjanire ». 17 avril [1867], au sujet de l’affaire de ses photographies par LIÉBERT avec sa maîtresse Adah Menken : « Après l’animosité de journaux contre moi, animosité que j’ignorais et que j’ai été étonné de voir éclater avec tant d’ensemble et d’acharnement, je vous prierai de remettre ma charge à plus tard. Je fais un procès à M. Lieber, et je ne veux rien faire qui lui donne raison contre moi »… Vendredi, pour un rendez-vous.