CDV de Sarah Bernhardt , opéra , comédienne , photographe Nadar
CDV de Sarah Bernhardt
Nadar, rue d'Anjou St Honore, 51
Elle était surnommée « la Voix d'or » (expression de Victor Hugo) ou « la Divine » mais aussi « la Scandaleuse ». Considérée par beaucoup, avec Rachel, comme une des plus grandes tragédiennes françaises du XIXe siècle, elle fut la première comédienne à avoir fait des tournées triomphales sur les cinq continents, Jean Cocteau inventant pour elle l'expression de « monstre sacré ». Sa mère, Judith-Julie Bernardt, était une courtisane néerlandaise et Sarah elle-même a usé de ses charmes à ses débuts pour se faire une situation, comme l'indique son inscription dans le « fichier des courtisanes » établi par la Préfecture de police de Paris. On ignore en revanche qui était son véritable père, Sarah ayant toujours gardé le silence sur son état-civil. Elle eut au moins trois sœurs et souffrit en particulier longtemps de la préférence de sa mère pour sa jeune sœur Jeanne-Rosine, également comédienne. Délaissée par sa mère qui choisit la vie mondaine à Paris, elle passe une petite enfance solitaire chez une nourrice à Quimperlé où elle ne parle que le breton. Elle reçoit le baptême chrétien au couvent de Grand-Champs, à Versailles : la petite juive verse alors dans le mysticisme catholique. Le duc de Morny, l'amant de sa tante, pourvoit à son éducation : cours de sculpture, peinture (elle décroche à seize ans un prix à l'Académie des beaux-arts). Jouant un rôle d’ange dans un spectacle religieux au couvent, elle trouve sa vocation, le théâtre. Elle a pour idole la comédienne Rachel. Elle entre en 1859 au Conservatoire d'Art dramatique de Paris sur la recommandation du duc de Morny. Sortie du Conservatoire en 1862 avec un second prix de comédie, elle entre à la Comédie-Française mais y est renvoyée en 1866 pour avoir giflé une sociétaire. Elle signe alors un contrat avec l'Odéon[3]. Elle y est révélée en jouant Le Passant de François Coppée en 1869. En 1870, pendant le siège de Paris, elle transforme le théâtre en hôpital militaire et y soigne le futur maréchal Foch qu'elle retrouvera quarante-cinq ans plus tard dans les tranchées de la Marne. Elle triomphe dans le rôle de la Reine de Ruy Blas en 1872, ce qui lui vaut d'être rappelée par la Comédie-Française où elle joue dans Phèdre en 1874 et dans Hernani en 1877. En 1880, elle démissionne avec éclat du « Français » et crée sa propre compagnie avec laquelle elle part jouer et faire fortune à l'étranger jusqu'en 1917. Elle se fait une spécialité des rôles de travesti (Hamlet, Pelléas), inspirant à Edmond Rostand sa pièce L'Aiglon en 1900. Elle se produit à Londres, à Copenhague, aux États-Unis (1880-1881) où elle affrète un train Pullman pour sa troupe et ses 8 tonnes de malles, et en Russie, notamment au théâtre Michel de Saint-Pétersbourg (en 1881, 1892 et 1908). Son lyrisme et sa diction emphatique enthousiasment tous les publics. Afin de promouvoir son spectacle, elle rencontre Thomas Edison à New York et y enregistre sur cylindre une lecture de Phèdre. Proche d'Oscar Wilde, elle lui commande la pièce Salomé, dont elle interprète le rôle-titre, en 1892. À partir de 1893, elle prend la direction du théâtre de la Renaissance puis du théâtre des Nations qu'elle rebaptise théâtre Sarah-Bernhardt et où elle joue La Dame aux camélias. En décembre 1894, elle fait appel à Alfons Mucha pour dessiner ses affiches. Ces six années de collaboration donnent un second souffle à sa carrière. Elle apporte son soutien à Émile Zola au moment de l’affaire Dreyfus, elle soutient Louise Michel et prend position contre la peine de mort. En 1905, lors d'une tournée au Canada, elle est accueillie par le premier ministre Wilfrid Laurier à Québec. Toutefois, l’archevêque local, Louis-Nazaire Bégin, détestant le théâtre, demande à ses paroissiens de boycotter la représentation et c'est devant une salle en partie vide que l’actrice,habituée aux foules, se produit. En 1914, on lui remet la Légion d'honneur. Elle est amputée de la jambe droite le 12 mars 1915 à la clinique Saint-Augustin de Bordeaux, à l'âge de 71 ans, en raison d'une tuberculose osseuse du genou (plâtré, ce genou a développé une gangrène), dont l'état fut aggravé par un clou lui blessant le genou lors d'une représentation du Procès de Jeanne d'Arc au Théâtre de la Porte-Saint-Martin en 1890 et dont les premiers symptômes remontent aux sauts, onze ans plus tôt, du parapet dans le final de Tosca , la comédienne ayant auparavant eu de nombreuses chutes sur les genoux. Son ami médecin Samuel Pozzi refuse d'amputer son ancienne conquête et sollicite pour l'opération le concours du professeur Jean-Henri Maurice Denucé. Cela ne l'empêche pas de continuer à jouer assise (elle refusait de porter une jambe en bois ou une prothèse en celluloïd), ni de rendre visite aux poilus au front en chaise à porteur, lui valant le surnom de « Mère La Chaise ». Vers la fin de sa vie, Sarah Bernhardt, après avoir joué dans plus de 120 spectacles, devient également actrice de cinéma. Son premier film est Le Duel d'Hamlet réalisé en 1900. C'est un des premiers essais de cinéma parlant avec le procédé du Phono-Cinéma-Théâtre, où un phonographe à cylindre synchronisait plus ou moins la voix de l'actrice aux images projetées. Elle tournera d'autres films - muets - dont deux œuvres autobiographiques, la dernière étant Sarah Bernhardt à Belle-Île en 1912, qui décrit sa vie quotidienne. Son style et sa silhouette inspirèrent la mode, les arts décoratifs mais aussi l’esthétique de l’Art nouveau. La vie privée de Sarah Bernhardt fut assez remplie. À l'âge de 20 ans elle donne naissance à son seul enfant qui deviendra écrivain, Maurice Bernhardt, fruit d'une liaison avec un noble belge, Eugène François Charles Lamoral, prince de Ligne (1804-1880). Elle connaît par la suite plusieurs amants, dont Charles Haas, mondain très populaire à qui elle vouait une véritable passion alors qu'il la traitait en femme légère et la trompait sans états d'âme. Après leur rupture, ils demeurèrent cependant amis jusqu'à la mort de Haas. On compte également des artistes tels que Gustave Doré et Georges Jules Victor Clairin et des acteurs tels que Mounet-Sully, Lucien Guitry et Lou Tellegen ou encore son « Docteur Dieu » Samuel Pozzi. On parle également de Victor Hugo et du prince de Galles[3]. Certaines sources lui prêtent également des liaisons homosexuelles, notamment avec la peintre Louise Abbéma qui lui